Novembre-décembre 2016:
Clinique mobile à Loitakabila
Très chers amis
Nous avons été tellement occupés ces deux derniers mois que nous n’avons pas eu le temps de nous rendre compte que nous sommes déjà en décembre. Nous incroyable de voir à quel point le temps passe vite à Lobur ! Nous comptions sur l’arrivée de la pluie en novembre, mais elle n’est jamais venue, et la sécheresse se fait sentir dans le triangle d’Ilemi : les populations migrent à la recherche d’eau et les difficultés en raison du manque d’eau augmentent.
Malgré tout, nous pouvons dire que, peu à peu, nous constatons plus de soutien de la part du gouvernement kenyan, avec certaines ONG qui viennent de temps en temps dans le triangle d’Ilemi, pour des campagnes de nutrition ou de vaccination. Le ministère de la santé nous explique qu’ils veulent faire venir au Turkana plus d’infirmiers, et des professionnels de santé, comme au dispensaire de Kokuro (village à 8 km de Lobur), où un technicien de laboratoire et un nutritionniste ont été affectés. Nous espérons qu’ils apporteront une aide pour la santé des communautés et pour le travail de la clinique mobile.
En octobre, nous avons fait des cliniques mobiles à maisa, liwan, loitakabila, nalemsekon, ekopé, lomanakeju, sasamé, kangkala et etan.
En novembre, nous avons fait des cliniques mobiles dans les mêmes villages, excepté Etan, que les populations nomades avaient quitté. A la place nous sommes allés à Nabulukok, où nous avons trouvé une population bien plus abondante, à l’écoute, et ouverte au dialogue et à l’apprentissage.
Nous avons aussi décidé de faire une clinique mobile dans un village très proche de la frontière de l’Ethiopie, Kamerikur, dans lequel il y a souvent des attaques armées. Nous avons passé une après midi et une soirée dans cette zone, pour appréhender les habitudes de vie des villageois, et les risques auxquels ils sont confrontés chaque jour. Nous profitons du passage de la clinique mobile pour essayer de favoriser le processus de paix avec les tribus voisines.
Clinique mobile à Nabulokok
Une nuit avec les guerriers de Kamerikur
Lors de ces 2 mois, nous avons traité contre les parasites plus de 5000 garçons et filles. Nous avons assisté 2 accouchements, dont un enfant qui pesait 3,6 kg !
Nous avons reçu il y a 2 semaines des compléments alimentaires pour les cas de malnutrition plus ou moins grave que nous constatons, principalement chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.
Andrew distribue des traitements anti parasitaires à des enfants
Joséphine et Mimi distribuent une aide nutritionnelle
C’est le cas de Loriet, une jeune femme de 14 ans aveugle, sourde-muette, qui a eu une histoire très difficile, qui avait été prise en charge il y a 2 ans par Emiliano et Teresa (les premiers infirmiers de la clinique mobile). Nous cherchons pour elle dans le pays une école spécialisée ou elle pourrait avoir accès à une meilleure qualité de vie. Actuellement elle vit avec Joséphine le temps de reprendre du poids, car elle ne recevait pas suffisamment de nourriture dans sa famille. Grâce aux compléments alimentaires que nous avons reçus, nous espérons qu’elle pourra reprendre suffisamment de force.
Ana et Joséphine avec Loriet
En ce qui concerne les cas dont nous vous avons déjà parlé, nous voulions vous donner des nouvelles d’ekalalé (enfant de 3 ans atteint d’une miliaire tuberculeuse très avancée), de Tonggol (homme qui a subi une agression à la machette au niveau de la tête), et de notre chère Malaika (née en aout, et dont l’état de santé avait nécessité une surveillance de plusieurs semaines). Nous constatons constamment les impressionnantes améliorations de leurs états de santé, ce qui nous met en joie chaque fois qu’on les voit. Un grand merci à vous tous qui nous avez soutenus, et qui avez permis à ces vies de continuer comme si rien ne s’était passé, malgré les turbulences qu’elles avaient traversées.
Martin avec Malaika
Nous avons par ailleurs eu à traiter d’autres cas difficiles. Nous avons été appelés un soir de début octobre pour soigner un jeune homme qui avait une plaie profonde de l’avant-bras, avec atteinte veineuse, artérielle et tendineuse. Après avoir essayé d’arrêter l’hémorragie toute la nuit par un pansement compressif, nous avons du cautériser les vaisseaux touchés pour pouvoir suturer la plaie et mettre en route des antibiotiques pour éviter que la situation n’empire. Une fois de plus, cet homme nous a montré que les Turkana sont durs comme des diamants : la récupération a duré 3 semaines mais il a peu à peu repris suffisamment de force dans son bras pour reprendre ses travaux sur le terrain.
Nous avons traité lors de la clinique mobile d’Ekopé le jeune Kotomé un adorable petit garçon de 13 ans qui avait une infection articulaire spectaculaire au niveau du genou. Il est resté un mois aux côtés de Joséphine pour pouvoir recevoir des soins quotidiens et être surveillé de façon rapprochée. Son état s’est amélioré de façon quasi quotidienne. Grâce à ces soins, Kotomé est déjà de retour chez lui (à pied), et a bien compris l’importance des soins continus.
Mimi avec kotomé, qui a récupéré d'une infection articulaire spectaculaire
Nous avons pris en charge une femme enceinte de 5 mois qui présentait des saignements génitaux et des douleurs abdominales, qui se sont malheureusement terminé par la perte de l’enfant au dispensaire. Ce fut une expérience très dure, qui nous a beaucoup marquée, et que malheureusement nous avons revécue à la fin du mois de novembre, avec une femme séropositive et dénutrie, que nous avions rencontrée en août. En dépit de son incroyable volonté, son mauvais état de santé durant les premiers mois de grossesse n’ont pas permis au fœtus de se développer correctement, et son corps l’a rejeté à la moitié de la grossesse.
Ce sont des situations très tristes, et difficiles à gérer sur un plan personnel, mais au moins les mères sont bien portantes et fortes pour repartir.
Nous avons aussi du transférer à Lodwar une femme enceinte de 8 mois atteinte de pré-éclampsie, pour sa sécurité et celle de son enfant.
Une autre après-midi nous avons été appelés auprès d’un jeune homme qui avait été sauvagement battu, que nous avons soigné pour plusieurs blessures, et qui est resté quelques jours dans la maison de Joséphine pour se remettre.
Nous avons pris en charge deux cas de prolapsus de l’utérus, deux cas de probables tumeurs (un de vessie et l’autre du foie), que nous devons transférer au début du mois de décembre, en plus d’un autre cas de miliaire tuberculeuse qui doit être transféré à Lokitaung pour commencer rapidement un traitement, et éviter un épisode similaire à celui d’Ekalalé en août.
Voilà les dernières nouvelles, nous espérons continuer à être ainsi actifs. Nous vous disons au revoir et au mois prochain !
Mimi, Andrew et Martin
Ejokonoï est une association à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901. Parution au JO du 15 juin 2013.
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