Bonjour! Cette fois-ci, nous avons regroupé les mois de Mars et Avril en un seul bulletin d’information, car nous n’étions pas sur place la deuxième quinzaine de Mars, pendant laquelle nous sommes retournés en Espagne.
Mars:
La clinique mobile est passé à Liwan, où nous avons reçu 35 patients, et à Meyen, où nous nous sommes occupés de 30 patients. A Meyen, nous avons vu plusieurs groupes de populations isolées. Nous nous sommes rendus compte qu’en ne prévoyant qu’un seul point d’accueil, nous n’arrivions pas à voir tout le monde ; nous avons donc mis en place deux points d’accueil pour Meyen. Au point d’eau habituel, il n’y a plus autant de patients qu’auparavant ; nous nous sommes donc déplacés à un autre endroit près du fleuve. Nous avons eu la chance d’avoir avec nous John, un bénévole anglais de la Mission qui a été très étonné des conditions dans lesquelles nous travaillons dans les cliniques mobiles.
Le premier week-end, nous avons continué la formation des travailleurs sociaux et des sages-femmes. Avec les travailleurs sociaux, nous avons évoqué à nouveau l’importance des premiers soins basiques, comme le contrôle des hémorragies abondantes, surtout sur des blessures graves comme celles causées par arme à feu, et de la rapidité à nous avertir. Nous leur avons expliqué qu’ils seront presque systématiquement l’intermédiaire entre le patient et nous, et qu’il est important qu’ils aient un minimum de notions, que nous allons leur apprendre au fur et à mesure. Les travailleurs sociaux sont motivés et enthousiastes.
Le groupe de sages-femmes est celui qui est le plus réceptif. A la première réunion, cinq d’entre elles sont venues. Après, seulement quatre sont revenues mais depuis, ce nombre est resté constant. Nous essayons de leur apporter un gouter à cette occasion, ce qu’elles apprécient beaucoup et les motive à venir aux réunions. Chaque semaine, nous nous fixons un nouvel objectif à atteindre, une notion simple que nous voulons leur apprendre. Nous commençons par revoir ce qui a déjà été appris au dernier cours, et après avoir vérifié qu’elles l’ont intégré, nous évoquons une nouvelle notion. Bien que nous prévoyions plus ou moins le contenu des cours, il arrive que nous les finissions différemment car il est apparu des points à améliorer.
Par exemple, nous avons commencé par évoquer les soins du post-partum pour la femme et son enfant, et les complications éventuelles comme des pertes de sang trop importantes. Avant de leur exposer notre manière de faire, nous leur avons demandé quelles sont leurs méthodes. Elles nous ont expliqué que pour contenir l’hémorragie, elles attachent autour des jambes, des bras, de l’abdomen et de la tête, des fils ou fines cordes, ce qui selon nous n’améliore pas les choses… elles nous expliquent ensuite qu’elles font des coupures dans les lèvres vaginales, sans conscience du risque d’infection. C’est ce genre de pratique que nous apprenons avec elles et que nous essayons d’améliorer.
Avril:
Au début du mois d’Avril, Elena est retournée à Lobur. Pendant la période où aucun de nous deux n’était là, Joséphine s’est très bien débrouillée. Elle a établi un registre avec le nombre, l’âge et la pathologie des patients vus, et nous a expliqué ce qu’elle avait fait à chaque fois. Elle a fait deux transferts à Kokuro pour une piqure de serpent et un bras cassé. Les autres cas étaient des pathologies courantes comme des rhumes, des diarrhées, et des cas de malaria. Joséphine est un ange, elle est très à l’aise avec les gens, et prend soin d’eux.
La nouvelle fondamentale du mois d’avril est … que NOUS AVONS ENFIN DE L’EAU AU DISPENSAIRE ! C’est curieux comme quelque chose dont nous disposons si facilement dans notre pays représente un énorme progrès ici.
Maintenant, nous attendons l’électricité, mais nous voyons déjà le changement.
Avril est un mois de pluies, et à Lobur, nous avons eu beaucoup de jour de tempête. D’un côté, c’est très agréable de profiter de la fraicheur et de voir les changements de paysages et de couleurs dans le ciel. Mais d’un autre côté, la pluie est une réelle contrainte lorsqu’il faut se déplacer pour les cliniques mobiles. Les fleuves débordants sont compliqués à traverser et la terre boueuse devient difficilement praticable en voiture. A cause de cela, nous avons seulement pu faire deux étapes de la clinique mobile: Lobur et Meyen. Dans la première, il y avait très peu de patients ; nous nous sommes donc concentrés sur les vaccinations des enfants. A Meyen, nous nous sommes installés à un endroit différent du mois dernier. Au début, il y avait peu de gens, mais petit à petit, plus de patients sont venus.
Bien qu’il ait beaucoup plu, cela ne nous a pas empêché de traiter les urgences. Nous avons eu un appel depuis Maisa ; les conducteurs nous ont conseillé de ne pas sortir en raison du risque de mauvais état des routes. Mais face à l’insistance de la famille du patient et voyant la tempête s’éloigner, nous avons pris la décision d’y aller. Il s’agissait d’un homme âgé avec une ascite d’origine inconnue et un état général très détérioré. Après l’avoir traité, nous avons envisagé son transfert à Lodwar, mais face à son état et le peu d’argent dont disposait sa famille, nous avons décidé de l’amener à Little Nairobi, où il habitait initialement.
Nous avons eu trois transferts à Kaikor en deux jours. Le premier était un homme de Kokuro avec une suspicion d’ulcère gastrique. Il était sous traitement depuis un mois, mais lorsque son fils ainé est arrivé, il s’est aperçu de la dégradation de son état, et voyant que personne ne savait quoi faire au dispensaire de Kokuro, il nous a demandé de l’aide. Le jour suivant, nous avons été informés d’une blessure par balle à Liwan. La patiente était une petite fille de deux ans. Il s’est avéré que des enfants avaient joué avec des armes et qu’un coup avait été tiré par accident… En arrivant à Lobur, nous avons à peine eu le temps de déjeuner, avant d’être informés qu’à Napeikar, une femme était en travail depuis le matin, mais son bébé se présentait en siège et était bloqué. Elle nous attendait au dispensaire pendant que nous étions à Liwan. Nous avons essayé de sortir le bébé, mais nous n’avons pas réussi. Le Chef du village nous a dit qu’il avait appelé l’ambulance le matin et qu’elle était en chemin, mais nous avons décidé ne pas attendre plus et de la transporter en direction de Kaikor, pour la transférer à Lodwar. Nous avons bien fait car lorsque nous sommes arrivés à Kaikor, l’ambulance était encore sur place, et ils nous ont dit qu'ils nous attendaient. Après tous ces trajets, vous pouvez voir à quoi ressemblait la voiture :
Avril a été un mois compliqué. Entre les offices de la Semaine Sainte et de Pacques qui ont beaucoup occupé la population, et les maladies apportées par les pluies, nous n’avons pas eu le temps de faire de réunion avec les travailleurs sociaux et les sages-femmes : le premier week-end, il y a eu une messe en Napeikar et des baptêmes ; le week-end qui a suivi, trois des sages-femmes étaient indisposées et Joséphine était malade ; la dernière semaine d’Avril, la campagne d’ophtalmologie a eu lieu. Blanca, Esther, Rafa y Javier sont venus avec une interne en médecine, Eli, une pharmacienne, Nica, et un spécialiste en électrothérapie, Ele. Durant ces quelques jours, ils nous ont appris à déterminer les principaux problèmes que nous pouvons rencontrer dans la région, à diagnostiquer et traiter les pathologies comme les trachomes, et le plus important, à décider quels patients souffrent de cataractes ou d’autres problèmes opérables. La population que nous soignons ici ne connaît pas Lodwar et a peur de voyager, surtout en voiture, pour aller dans un endroit vaste tel qu’une ville. Il peut être difficile de réussir à les convaincre de se rendre à l’hôpital. Nous avons aussi pu assister à des interventions intéressantes. C’est toujours un plaisir de travailler avec les ophtalmologues.
Voilà pour le résumé des mois de Mars et Avril ! On se retrouve le mois prochain ! A bientôt !
Andrés et Elena.
Ejokonoï est une association à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901. Parution au JO du 15 juin 2013.
Mars/avril 2015:
Association Ejokonoï