Février 2014


Voici quelques nouvelles que nous transmettent régulièrement Emiliano et Teresa, les 2 infirmiers espagnols actuellement en charge du projet de la clinique mobile au Turkana:

Février 2014


Rapport de l'activité de la clinique mobile pour le

1er trimestre 2014




Ce dernier mois a été très intense. Il faut rappeler que février est le mois le plus sec de l’année, avec le retour de la faim et des maladies chez cette population.


Les ONG sont revenues distribuer de la nourriture il y a quelques semaines, mais nous ne savons pas si elles reviendront.


Avec la sécheresse, les infections gastro-intestinales ont augmenté, et cela conduit à un risque accru de déshydratation de la population affectée.


En raison de la quantité importante de poussière dans l’air, les infections respiratoires ont augmentées ce mois-ci.


Cela entraine aussi une surinfection des plaies. Par exemple, nous avons eu 5 enfants grièvement brulés, que nous avons dû soigner de façon quotidienne à Napeikar, ainsi que 3 adultes eux aussi grièvement brûlés. Au début des soins, nous avons découvert qu’ils appliquaient, sur les plaies, un traitement traditionnel très corrosif. Nous avons réussi à les convaincre de respecter des mesures d’hygiène générales, et de nous laisser utiliser des traitements modernes pour soigner leurs brulures. Il n’a pas été difficile de les convaincre, étant donné que le traitement traditionnel qu’ils utilisaient était très douloureux.


Nous avons développé les cliniques de Liwan, Meyan, Nalemsecom (où nous avons rencontrés deux blessés par balle que nous avons transférés à Lodwar), Nalempetet, Maisa et Kiyiyi.


Ci-dessous, la photo d’un enfant de Liwan, plein d’imagination avec les gants en latex de la clinique.




Nous avons transféré certains cas à la campagne de chirurgie de Lodwar (deux à quatre campagnes de chirurgie sont organisées chaque année au Turkana) ; ils ont opéré un petit garçon d’une hernie ; pour d’autres, il nous a été indiqué qu’il faudrait attendre l’année prochaine pour les opérer.


Nous avons aussi dû transférer cinq femmes âgées très malades, afin qu’elles passent une radiographies du thorax. Le diagnostic de quatre d’entre elles était une bronchite chronique.


Il y a une semaine, une femme qui s’appelait Helen est arrivée dans les bras de son mari. Ce dernier nous a raconté que sa femme, qui était enceinte d’environ deux mois, avait disparu et qu’il lui avait fallu 16 heures pour la retrouver, étendue par terre seule dans la montagne, en train d’être mangée vive par les fourmis. Quand il nous l’a amenée, elle était inconsciente mais vivante. Nous avons essayé de faire tout ce qui était en notre pouvoir et l’avons transféré à Nariokotome. Le lendemain matin, elle est sortie du coma quelques minutes avant de décéder. Le corps de la défunte a été rapporté et lors de l’enterrement, nous nous sommes rendu compte que la mère d’Helen était l’une de nos accoucheuses traditionnelles. Nous avons également appris qu’Helen laissait derrière elle quatre enfants qu’elle avait eus avec son précédent mari, avant qu’il ne l’abandonne. Selon la tradition Turkana, les enfants d’Helen doivent rester avec leur grand-mère, leur vrai père n’étant pas là. La grand-mère est veuve, et les veuves au Turkana ne possèdent rien, étant donné qu’on leur arrache tout une fois que leur mari est mort. L’ainé des enfants d’Helen a 11 ans, et va au collège de Napeikar, tandis que le plus jeune est âgé de seulement 11 mois.


Le jour de l’enterrement d’Helen, nous avons été appelés auprès d’un nouveau né de 10 jours très malade. Nous avons essayé de le traiter pendant plusieurs jours, mais il n’a pas survécu.



Mais ce mois de février a aussi son lot de belles histoires. Akai, la femme qui s’occupe de la plantation, a donné naissance à son bébé ! Finalement, c’est un petit garçon, donc nous l’avons convaincue de ne pas l’appeler Teresa, mais Emiliano si elle veut. C’est un bébé adorable. Nous vous joignons quelques photos (faites avec notre téléphone portable) qui ne rendent pas la beauté du moment, mais ainsi nous pouvons partager cette joie.


































Par ailleurs, nous sommes déjà en train d’acheter la voiture auprès de Toyota à Nairobi, grâce à une très généreuse donation.


Dans une dizaine de jours, nous emmènerons Losinyen à Nairobi, au Centre spécial des Missionnaires de la charité de Mère Teresa, à Huruma. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Losinyen est un garçon autiste et presque aveugle, âgé de 6 ans, qui vient de la zone de Meyen. Sa mère l’a rejeté et depuis, c’est sa grand-mère qui prend soin de lui, mais elle est déjà âgée et en mauvaise santé, et peut à peine se lever. Elle nous a donc demandé de nous en occuper, puisque personne ne sera là pour lui quand elle ne pourra plus le faire. Nous avons donc contacté les Sœurs de la charité, qui disposent d’un orphelinat pour les enfants ayant des problèmes de ce type, et elles nous ont dit qu’elles l’accueilleraient. Nous avons fait les démarches administratives, et ça y est, dans quelques jours, nous partirons à Nairobi avec Losinyen.



Dernière nouvelle, Brian, nous a rejoint il y a peu ! Il est Clinical Officer (praticien kenyan) et a vécu à Nariokotome avec Paco pendant deux ans. Puis, il est parti étudier, et vient maintenant se faire une idée de notre travail, pour éventuellement faire partie de l’équipe. Nous nous agrandissons !


Nous vous embrassons tous, Merci pour votre soutien.


Teresa et Emiliano.


Ejokonoï est une association à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901. Parution au JO du 15 juin 2013.